« La cloche de détresse » de Sylvia Plath

classique, Littérature étrangère

Sylvia Plath est l’une des poétesses les plus vénérées du XXe siècle. En lisant son travail, vous remarquez comment elle est capable de capturer ce qui est parfois caché dans les profondeurs de notre esprit – les pensées et les croyances que nous déguisons souvent. En approfondissant un peu sa vie personnelle, vous ne pouvez pas ignorer ses problèmes de santé mentale et la façon dont certains de ces problèmes se reflètent dans ses écrits.

Ce roman écrit par Sylvia Plath est évidemment une histoire inspirée par sa propre vie sans être une autobiographie directe, les parallèles sont clairs si vous connaissez la vie de Plath.

L’intrigue tourne donc autour d’une jeune femme nommée Esther Greenwood qui travaille sur un court stage en tant que rédactrice en chef d’un magazine invité à New York dans les années 1950. Il est révélé tout au long du roman qu’Esther lutte contre la dépression et, après la fin de son stage, ne sachant pas quoi faire de son avenir, elle commence à essayer de se suicider de différentes manières. Finalement, Esther fait une overdose de somnifères et se réveille à l’hôpital. Elle est transférée dans un asile où elle décrit de façon glaçante le traitement de la dépression par électrochocs. À la fin du roman, Esther est sur le point de retourner à l’université mais bien consciente que la présence de sa maladie mentale pourrait se réaffirmer dans le futur.

« Pour la personne qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figée comme un bébé mort, c’est le monde lui-même qui est le mauvais rêve. »

La complexité étrange des attentes imposées à Esther et la façon dont ces contraintes heurtent ses propres désirs allant même jusqu’à se conformer aux injonctions sociales dont les femmes d’hier sont les premières concernées, ce qui illustre extrêmement bien le stress, la tension et les dilemmes internes auxquelles elles doivent faire face.

« Comme ça semblait simple pour les femmes autour de moi d’avoir des enfants ! Pourquoi n’étais-je pas maternelle du tout, pourquoi étais-je si à part? Devoir m’occuper toute la journée d’un enfant me rendrait dingue. »

Un excellent commentaire sur la place de la femme dans société. Cet aspect est d’autant plus poignant que Plath s’est suicidée quelques semaines après la publication de ce livre.

C’est une grande tragédie que ce soit son seul grand roman après son suicide cruellement inévitable à seulement 31 ans.

Mais cela dit, le roman est nostalgique de la meilleure des manières car il n’efface pas l’obscurité de l’époque. À la fois mélancolique et sarcastique, adoptant une narration non linéaire mais qui n’est en rien dérangeant dans la compréhension de la position de l’histoire. 

Ce livre aborde de fortes discussions sur les thématiques comme: la santé mentale, la féminité et les différences socio-économiques. Tout cela se passe alors que E.Greenwood vit pour la première fois hors de chez elle.

Ce roman est un rappel à ceux qui ont grandi en apprenant à naviguer dans le monde et une excellente lecture pour ceux qui sont sur le point de faire un pas important dans leur vie. Lire ceci dans une période de transition entre les écoles, les carrières, les déménagements vers les villes ou d’autres événements majeurs peut s’avérer être particulièrement encourageant et permet aux lecteurs de trouver du réconfort dans cette histoire. 

Un récit qui marque, des passages qui resteront gravés dans ma mémoire, tant par l’écriture que la sensibilité omniprésente dans ce livre qui vous rend inévitablement mélancolique.

Si vous vous intéressez à la santé mentale et à sa représentation dans la littérature, ce livre est à lire absolument.


« La cloche de détresse » de Sylvia Plath – Éditions DENOËL .

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